Folie 1 et 2
Dix-huit fois "couleur" Les artistes annoncent la couleur. Avec elle, ils ont tous les droits, toutes les libertés, y compris celle de contredire le dictionnaire qui affirme sans rire – le dictionnaire ne rit jamais – que la couleur, c’est ce qui n’est ni blanc ni noir. Quand on demandait au Tintoret quelle couleur était la plus belle, il répondait : noire ou blanche. Quant à Francis Bacon, il disait, plus mystérieux : dans le noir toutes les couleurs s’accordent. Même s’il en use avec parcimonie, Matei Negreanu l’aime tout autant, qu’elle soit noire, blanche ou qu’elle reflète toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. C’est particulièrement vrai dans ces œuvres-ci. Mais ce qui frappe le plus, c’est que, pour lui, la couleur est un matériau comme les autres. Dans les " Folies", il utilise tout. Tout ce qui lui tombe sous la main, tout ce qu’il trouve, aussi bien dans les usines, chez les grands couturiers ou au fond de son jardin. Le verre bien sûr, sa base, sa référence mais aussi le bois, le plastique, le cuivre, le fer, d’autres métaux encore, et bien sûr toute une palette de couleurs. Pour l’artiste l’œuvre d’art peut emprunter tous les supports, toutes les couleurs de la vie. De même qu’un homme ne se résume pas à la couleur de sa peau, l’artiste ne se réduit pas au seul matériau qu’il privilégie.Mais parce qu’il utilise le verre en priorité, la couleur de ses sculptures est particulière. Elle est d’abord ce qu’en fait la lumière. Couleur du matin ou du soir, couleur du soleil ou de la nuit, couleurs fanées, couleurs scintillantes.Pour Matei Negreanu qui a vécu les quarante premières années de sa vie dans un univers grillagé – le gris est aussi une couleur bien particulière – l’utilisation de toutes les couleurs est aussi bien autre chose. Matisse disait : La couleur est une libération. Matei Negreanu ne pourrait pas mieux dire et c’est sans doute pourquoi il l’a longtemps utilisée avec tant de discrétion.Aujourd’hui, avec ce travail étonnant, il nous en fait voir de toutes les couleurs.
- Hervé CLAUDE, Mai 2010