ROGERS Sally
Né en / Born in 1960 – USA –
EDUCATION
1989 M.FA., Graduate Teaching Assistantship in Glass, Kent State University, Kent, Ohio
1984 B.FA., Center for Creative Studies – College ot Art and Design, Detroit, Michigan
1981 Associate ot Liberal Arts, Northwestern Michigan College, Traverse City, Michigan
AWARDS, RESIDENCIES, MUSEUM EXHIBITIONS
2001 Regional Artist Project Grant, Asheville Arts Council, Asheville, North Carolina
1999 Solo Exhibition, Appleton Museum of Art, Ocala, Florida
1999 « Delle Animation, » The Belfort Museum ot Art, Delle, France
1997 « Glass Today, » The Cleveland Museum ot Art, Cleveland, Ohio
1997 « Calido, » The Tucson Museum ot Art, Tucson, Arizona
1996 Visual Artists Fellowship Grant, North Carolina Arts Council
1996 Solo Exhibition, Mint Museum ot Art, Charlotte,
North Carolina
1995Honorary Diploma, Jutta Cuny-Franz Memorial Award, Dusseldort, Germany
1995 « Southeast Glass, » Asheville Art Museum,
Asheville, North Carolina
1994 « Objects ot Desire, » The Birmingham Museum ot Art, Birmingham, Alabama
1992 « Exposition De Verre Contemporain, » Centre Saint-Sever, Rouen, France
1989 Artist in Residence, Penland School ot Cratts,
Penland, North Carolina
1987 David B. Smith Fellowship, Kent State University,
Kent, Ohio
PUBLIC AND CORPORATE COLLECTIONS
The Minneapolis Institute of Art, Minneapolis, Minnesota
The Appleton Museum of Art, Ocala, Florida
The Mint Museum ot Cratt + Design, Charlotte, North Carolina
Mobile Museum ot Art, Mobile, Alabama
Dennos Museum Center, Traverse City, Michigan
Internationale Galerie Du Verre, Biot, France
Warren Wilson College, Asheville, North Carolina
Knoxville Convention Center/City of Knoxville, Tennessee
Greensboro Central Library, Greensboro, North Carolina
City ot Lenoir, North Carolina
Federal Reserve Bank, Charlotte, North Carolina
Barnes Jewish-Christian Hospital, St. Louis, Missouri
Esterline Technologies, Bellevue, Washington
Bascom-Louise Visual Arts Center, Highlands, North Carolina
Lancaster Colonies, Columbus, Ohio
University 0f Michigan-Dearborn, Dearborn, Michigan
Les oeuvres de ROGERS Sally
LA VERITE
La mémoire est comme la poésie, dans laquelle les idées sont définies autant par les choses exclues que par celles écrites. En tant qu’êtres humains, nous avons développé une mémoire collective pour ce que nous croyons notre histoire ; et cette mémoire est codée par des images iconiques et des symboles bien connus, devenus une représentation des couches de signification qui dépassent celles qui sont immédiates et visuelles. Nous varions, ou peut-être ne sommes nous pas d’accord, dans notre
interprétation de telles images – et ceci en grande partie en fonction de nos opinions politiques, nos
origines ethniques, nos croyances religieuses.
Ma sculpture cette année est une utilisation délibérée de symboles et métaphores mixtes. J’ai voulu mettre ensemble la pomme, symbole classique et chrétien de l’Homme tombé en disgrâce, et une icône de la culture islamique d’aujourd’hui. Bien que le buste de Néfertiti soit antérieur à l’Islam, il est resté pendant des millénaires dans les sables d’une région qui est de nos jours essentiellement
musulmane: son visage bien connu est synonyme de la région de ses origines. Cependant, il semble
parfois oublié que le christianisme partage ses racines avec cette même région – le Moyen Orient.
Néfertiti et son époux – le pharaon Akhenaton, sont tenus par beaucoup comme les premiers dirigeants égyptiens à pratiquer et à promouvoir un monothéisme, tout en décrétant hors la loi les croyances polythéistes qui existaient avant leur prise du pouvoir. Bien que leur vénération du dieu soleil Aton soit une croyance très différente du christianisme ou de l’islam initial, ce que ces croyances ont toutes en commun - beaucoup trop souvent - c’est l’insistance sur une seule version ou interprétation de qui ou de ce qu’est “Dieu”. Pour moi, c’est cette insistance qui est le véritable “péché originel”, ce qui génère les racines de l’intolérance. En tant qu’êtres humains, j’espère que notre mémoire collective nous rappellera que nos fois et nos croyances diverses ne sont que les branches d’un seul arbre et que nous avons des origines communes.
Il y a environ six ans, j´ai également commencé à travailler avec diverses essences de bois afin d’ajouter de la chaleur, de nouvelles textures et des motifs organiques à mes créations.
J’ai utilisé l’un des plus beaux morceaux de noyer noir que j´aie jamais trouvé pour sculpter le corps du Workhorse. Afin d’effectuer un contraste avec le noyer foncé, j’ai ajouté un morceau de branche de laurier, à la fois beau et bizarre, que j´ai nettoyé, décapé au sable et éclairci jusqu’à obtenir un blanc os.
Lorsque la tête du cheval et la carotte - toutes deux en verre - ont été ajoutées, elles ont « sauté aux yeux », comme je l´avais espéré, attirant l´attention sur le thème de la pièce : nos luttes difficiles, notre poursuite des carottes métaphoriques qui nous semblent importantes, nos efforts pour ne pas lâcher prise au travail et dans la vie…
En ces temps « intéressants » que nous vivons, c´est une réflexion sur les qualités telles que la concentration et la persévérance.
« L’Hiver des mûres » fait allusion à un épisode de temps froid, revenant parfois les premiers jours de mai ; l´expression « Eté indien » désigne une courte période de soleil et de chaleur à un moment où devrait, normalement, s’installer le climat de plus en plus froid d’octobre. Physiquement et symboliquement, les deux saisons sont contraires l´une à l´autre et, pourtant, toutes deux supposent une philosophie semblable : rien n´est absolu et tout est sujet à changement.
Etant donné les thèmes chromatiquement opposés des Verriales 2010 et 2011, j´ai décidé de revisiter le thème 2010 puis de faire contrepoint avec une œuvre exempte de la couleur figurant dans la précédente sculpture. Dans les deux sculptures, mon intention est de montrer que, malgré leur similarité de forme, la couleur (ou l’absence de couleur) occupe un rôle important dans la représentation visuelle d’une certaine « température » ou saison. Je souhaite que ces deux sculptures fassent également penser que, exactement comme il y a des perturbations inattendues au printemps et à l’automne, les « saisons » de notre vie peuvent se dérouler d´une manière surprenante.
La vie et l´art ne sont jamais entièrement monochromes ou polychromes : la permanence et l’impermanence se côtoient toujours.
Je ne suis pas très “coloriste” dans mon œuvre sculpturale : j’ai tendance à concentrer mon attention sur la forme et la texture et je suis attirée par les mélanges des couleurs terre. Je suis surtout intéressée par la façon dont deux matériaux (ou plus), très différents, peuvent être employés pour se compléter et, ensemble, œuvrer parfaitement à la création d’un tout exceptionnel. Le thème des Verriales de cette année m’a donc poussée à prendre en compte un élément – habituellement quelque peu secondaire pour moi – et me demander ce que la couleur, en elle-même, apporte à une œuvre sculpturale.J’ai vu de nombreuses œuvres où la couleur était employée maladroitement, désastreusement même. Au fil des ans, j’ai également vu quantité d’œuvres où les couleurs étaient inappropriées ou déplacées, souvent même inutiles. Mais j’ai aussi vu bon nombre d’œuvres en deux ou trois dimensions, où la couleur faisait littéralement parler la pièce et où le choix des couleurs aidait aussi à définir les qui, quoi, quand, où et pourquoi de la pièce. Il y aurait tant à dire sur l’emploi de la couleur qu’essayer de le faire sur une seule page est tout simplement impossible. Disons juste que la couleur, utilisée à bon escient, peut être l’aspect de l’œuvre le plus descriptif. J’ai employé la notion de « couleur en tant que critère de description » dans mon approche pour l’exposition Polychrome de cette année.L’an dernier, j’ai modelé le visage d’une femme en argile et j’ai fait plusieurs moulages de ce visage en verre blanc, noir et transparent. J’étais constamment attirée par les plus sombres et j’ai fini par aboutir à deux moulages de «corps», plus grands, suggérant par leurs formes une femme drapée d’un long vêtement et d’une capuche la protégeant du vent ; l’une de ces sculptures fut présentée aux Verriales 2009. Ces personnages n’ont aucune ethnicité clairement définie, bien qu’ils en suggèrent plusieurs : inuit, africaine, mexicaine, tibétaine et d’Amérique centrale.Cette année, j’ai réalisé une composition avec l’une des plus grandes pièces, en y introduisant la couleur en tant qu’élément d’identification des origines géographiques de cette femme. Puisant mon inspiration dans les couleurs et les motifs éclatants des tenues traditionnelles féminines des régions subsahariennes, je pense que cette sculpture représente, de toute évidence, une femme en tenue africaine. Je suis véritablement en admiration devant les talents artistiques exprimés dans les tissus et les vêtements des vraies Africaines ; cette sculpture est donc ma modeste façon de rendre hommage à ces peuples qui utilisent la couleur avec autant d’exubérance que de maîtrise. Pour eux, la couleur est totalement intégrée et essentielle à la vie quotidienne. Cela m’a vraiment donné matière à réflexion pour mes futures œuvres.
Pour les Verriales de cette année, j´ai abordé ces deux derniers concepts dans des sculptures contrastantes :
L’une est une pièce sur la connaissance, l’éducation, l’apprentissage - et ce qui pourrait se produire si ces études sont rompues ou censurées. Le résultat peut être l´opposé de la lumière (ou de l´éclaircissement) et cette œuvre est à la fois un avertissement et un commentaire sur cette potentielle « obscurité » de l´esprit. C´est une pièce sur l´importance de la pensée critique et d’une vie d’apprentissage, de manière formelle ou informelle.
La deuxième pièce élimine ces questions pesantes et se concentre sur la relative simplicité de la lumière et sa beauté dans le verre et la nature. C’est une œuvre qui ne cherche rien de lourd ni de
compliqué, faisant simplement ce que le verre fait si naturellement : l’absorption et la transmission de la lumière. C´est également une œuvre « légère » dans sa signification : je voulais qu’elle soit
simplement « un plaisir pour les yeux » et une sorte de mémoire collective de l’expérience de la beauté naturelle du monde.
TRUTH
is the
first casualty
of
WAR
Ma propre version de l´ « équilibre », dans ce cas-ci, est comme le point d´appui d’une balance sur laquelle les styles opposés ou les approches créatives pèsent également et reposent en suspension.
Ces dernières années, j´ai eu un double attrait pour les formes sculpturales représentatives et pour les abstraites, et je me trouve littéralement au « centre », également intéressée par deux approches stylistiques contrastantes. Je me suis également impliquée en créant des œuvres qui sont souvent des contrastes du point de vue de l’échelle (art public à grande échelle contre oeuvre sur piédestal de petite taille) puis des contrastes en termes de matériaux (acier inoxydable et granit contre acier doux, verre de fonte et bois). Je pense, en méditant sur le thème de cette année, que le « Contraste » a été une « fugue de fond » pour la majeure partie de mon travail ces dernières années.
Pour la pièce des Verriales cette année, mon approche en termes de style d’exécution, fut de la mettre en contraste avec la pièce de l´année dernière. Ce qui était représentatif est maintenant rendu de manière abstraite - mais dans les deux œuvres, mon espoir est qu´un sentiment semblable soit évoqué et qu´un élément du féminin passe visuellement, même pour la pièce abstraite. Je me suis amusée en jouant avec cette forme et, finalement, j’ai produit trois variations abstraites, une petite série de pièces dont Fanfare II fait partie. Dans ma sculpture pour l’exposition cette année, vêtement et figure, visage et fruits, de la précédente pièce, sont recréés sous une nouvelle forme qui dépend davantage du sentiment que du fait. Les matériaux utilisés sont les mêmes dans les pièces des deux années, mais les styles sont contrastés – afin de rendre une idée analogue, mais dans un langage visuel différent.