Analogie IX
Analogie IX
Le 06/08/2024
Dimensions : 33 x 13 x 36 cm
Dans les sculptures de Leperlier, c’est à travers le moule en terre ou en élastomère que s’établit la transmission du /faire/ de la présence corporelle à l’/être/ de la sculpture. Cette transmission suppose une duplication en négatif de la forme que l’on veut obtenir, puis un tirage positif, en l’occurrence un tirage en pâte de verre. Il s’agit d’un processus de mise en mémoire de la morphologie, au bout duquel la forme primaire est restituée non pas comme une imitation artistique, une ressemblance obtenue par permutation, supposant l’intervention d’un génie créateur (poïétique), mais comme une imitation naturelle, une ressemblance obtenue par transmission, selon la loi physique inscrite dans le fonctionnement de la matière (archéiropoïétique). L’expression physique de la forme obtenue par transmission n’est donc pas une imitation au sens classique du terme, c’est-à-dire l’établissement d’une ressemblance factice selon la genèse artistique, mais, comme le dit Georges Didi-Huberman, «une image-matrice produite par adhérence, par contact direct de la matière [du moule] avec la matière de la [forme primaire] », c’est-à-dire l’établissement d’une ressemblance naturelle selon la génération.
C’est à travers le moule, par ricochet à travers les bords de la membrane translucide du verre qui en est l’expression révélatrice, que s’observe la façon dont la négativité engendre la positivité et, inversement, la façon dont la positivité révèle la négativité.
La membrane translucide est l’interface où s’articulent, d’une part, la temporalité propre au devenir de l’oeuvre et à l’expression du geste et, d’autre part, la spatialité propre à l’aboutissement de l’oeuvre et à la téléologie immanente de la morphologie. Cette interface est dès lors à considérer soit comme le moule proprement dit de la sculpture, qui englobe la morphologie et la maintient en place, assurant la fonction isolante et discriminatoire (l’individualisation du champ sensoriel comme chose) ; soit comme l’enveloppe, la frontière de son propre devenir assurant la fonction individuante et intégrante (l’individuation du champ sensoriel comme objet). La contiguïté qui s’établit instaure une zone de transmission continue où la positivité de la forme et la négativité du moule sont saisies dans une seule figure, en l’occurrence dans la membrane translucide, qui négocie constamment l’apparition de la chose et l’objet dans l’apparition.
William Fiers
Extrait de « La sculpture de verre comme monde de lumière »
Revue Protée, Volume 31, N°3
C’est à travers le moule, par ricochet à travers les bords de la membrane translucide du verre qui en est l’expression révélatrice, que s’observe la façon dont la négativité engendre la positivité et, inversement, la façon dont la positivité révèle la négativité.
La membrane translucide est l’interface où s’articulent, d’une part, la temporalité propre au devenir de l’oeuvre et à l’expression du geste et, d’autre part, la spatialité propre à l’aboutissement de l’oeuvre et à la téléologie immanente de la morphologie. Cette interface est dès lors à considérer soit comme le moule proprement dit de la sculpture, qui englobe la morphologie et la maintient en place, assurant la fonction isolante et discriminatoire (l’individualisation du champ sensoriel comme chose) ; soit comme l’enveloppe, la frontière de son propre devenir assurant la fonction individuante et intégrante (l’individuation du champ sensoriel comme objet). La contiguïté qui s’établit instaure une zone de transmission continue où la positivité de la forme et la négativité du moule sont saisies dans une seule figure, en l’occurrence dans la membrane translucide, qui négocie constamment l’apparition de la chose et l’objet dans l’apparition.
William Fiers
Extrait de « La sculpture de verre comme monde de lumière »
Revue Protée, Volume 31, N°3